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Les gorges du saut du tigre (1 jour)

Raconté par le Lièvre

Alors que nous traversions le Yunnan (une des plus belles provinces de Chine) du Nord au Sud, faire la randonnée des Gorges du Saut du Tigre nous apparaissait comme une évidence. Ces Gorges situés à 50-60 km au nord de Lijiang sont en effet parmi les plus belles de Chine.

Alors que la plupart des touristes Chinois se contentent de visiter les Gorges par la route. De notre côté nous avons opté pour le sentier haut qui longe les gorges par la montagne. Cet itinéraire a le grand avantage d’être beaucoup plus sauvage : pas de routes et beaucoup moins de monde.

#0 – Arrivée au village de Qiaotou

Nous voulions faire la randonnée sur la journée, il nous fallait donc arriver la veille au village de Qiaotou. Depuis Dali, nous avons pris un bus direction Lijiang. Armés de notre outil favori maps.me, nous avons demandé au chauffeur de nous déposer alors que nous approchions de l’auberge que nous avions choisie : Jane’s Tibetan Guesthouse. Autant vous prévenir tout de suite, on est très loin du 4 étoile mais c’est l’endroit le plus proche du départ de la rando. Les sanitaires promettent une promiscuité certaines (ce qui nous a valu un super fou rire avec Nico). On a même dû tous sortir nos moustiquaires pour se protéger. Etant très proches du Yangzi, nous voulions éviter les mauvais surprises au réveil.

💡 Le petit conseil : Pour éviter de devoir porter vos sacs pendant la rando, je vous conseille de les laisser à l’auberge et de partir avec vos petits sacs. Cela coûte ¥5 par sac.

#1 – La randonnée

Nous avons décidé de partir assez tôt pour éviter les mauvaises surprises (la pluie par exemple). Le début du sentier se fait sur la route où l’on découvre un chantier titanesque de l’autre côté de la rive. Ce n’était pas ce à quoi on s’attendait mais ça n’a pas duré.

Après avoir payé l’entrée dans le parc naturel (¥65 à payer à la sortie du village), nous avons bifurqué sur la gauche pour entamer par un premier raidillon. Seulement quelques mètre de dénivelé plus loin, nous commencions à imaginer les paysages dans lesquels nous allions nous enfoncer. Oui il y avait encore un peu de bitume mais les paysages étaient splendides malgré le brouillard matinal.

La première partie de la randonnée est la plus « difficile » puisque le sentier d’élève pendant plusieurs dizaines de minute pour atteindre le flanc de la montagne. Il y a quelques marchands ambulants qui vendent des sucreries mais nous n’avons trouvé aucun point d’eau sur cette première partie.

Une fois arrivés en haut, le sentier s’enfonce dans une petite forêt. Aucune difficulté particulière à signaler de notre côté sur cette partie même si en plein mois d’août l’humidité était à son apogée.

Au sortir de la forêt le sentier s’élève à nouveau de manière assez raide. La pluie commençait à s’inviter parmi nous mais cela semblait n’être qu’une averse. Le hibou, voyant que je commence à m’ennuyer à ce rythme, me propose d’aller me dégourdir les jambes à l’avant. J’attends mes camarades à la fin de la montée, là où une marchande a judicieusement posté son échoppe. Un petit coca plus tard, nous reprenons la route car nos ventres commencent à nous rappeler qu’il serait temps de se restaurer.

💡 Le petit conseil : Ne pas courir en montagne sous sa cape de pluie. C’est le meilleur moyen de perdre plusieurs litres de sueur…

En reprenant la route, nous commençons à sentir l’immensité du lieu. Les parois verticales nous impressionnent particulièrement et nous nous arrêtons plusieurs fois prendre des photos.

Nous arrivons alors à la Half Way Guesthouse où nous profitons d’une belle vue panoramique sur les Gorges. Comme à son habitude Nico, voulant faire son bonhomme commande un Kimchi (plat Coréen très épicé), qu’il aura bien du mal à terminer.

Nous comptions repartir rapidement après le déjeuner afin d’éviter les mauvaises surprises (la pluie par exemple…), mais maps.me nous indiquait qu’il ne restait plus que 9km. Dans ce cas pas de panique ! Je me mets à sortir les cartes pour une (3) parties de coinche endiablées. Une fois que Nico et Jocelyn (oui on a changé la disposition) ne pouvaient faire autrement que de reconnaître leur défaite, nous avons pris la route.

Et c’est à ce moment là que mère nature a voulu nous faire payer notre lenteur : une pluie torrentielle s’abat sur nous. Cela n’entache pas une seule seconde le moral des troupes. Nico et Joc se payent même ma tête en voyant mon équipement anti-pluie. Ils feront moins les malins dans quelques heures…

La suite de la randonnée se fait sur des sentiers à flanc de montagne. La largeur ne dépasse que rarement le 1m50. En tant normal cela ne nous aurait posé aucun problème mais les pierres (très) glissantes ralentissaient notre progression.

Après avoir traversé une cascade, nous sommes tombés sur un troupeau de vaches puis un troupeau de chèvres qui semblaient s’abriter sous la roche.

Après plus de deux heures de marche, alors que nous devrions être presque arrivés selon les prédictions de maps.me, nous voyons un panneau afficher 8km… C’est la douche froide, au propre comme au figuré…

💡 Le petit conseil : Maps.me est un outil génial pour donner des itinéraires très peu utilisés. En revanche, il est très peu fiable en ce qui concerne les distances. Depuis on n’a plus refait l’erreur que 5 ou 6 fois sur ce voyage 😁

Nous commençons à être bien trempés. Nico et son sac poubelle en guise de protège sac commence à comprendre que ma cape de pluie ce n’est pas si mal après tout.

Malgré cela le paysage est toujours aussi beau, le débit est de plus en plus important et nous nous arrêtons quelques fois prendre des photos. Enfin surtout Louis car les doigts de Jocelyn sont tellement fripés par l’humidité qu’il n’arrive plus à déverrouiller son portable 👍 Les paysages dans le brouillard ont un petit côté mystique qui donne encore une plus belle dimension à la rando (je ne vous dis pas que je suis content de l’avoir fait sous la pluie mais on fait avec mauvaise fortune bon coeur).

Nous atteignons enfin la descente mais celle-ci s’annonce plus technique que prévu. Nico en fait l’expérience en finissant plusieurs fois sur les fesses. Mais plus de peur que de mal, nous arrivons à la Tina’s Guesthouse, espèce de grosse auberge industrielle où s’entassent les touristes après leur visite des gorges. Evidemment, notre sens poussé de l’organisation a fait que l’on a préféré ne rien réserver à l’avance. Nous ne le savions pas encore mais c’était un mal pour un bien.

Nous remettons nos chaussures trempées, que l’on s’était empressés de retirer pour continuer 1km le long de la route. On arrive alors à la Tibet Guesthouse et nous avons bien fait. L’auberge est beaucoup plus accueillante avec des chambres en bois, une superbe terrasse et des hôtes au top !

La pluie ayant cessé, nous avons entrepris de faire sécher nos affaires. C’était un vrai campement il y en avait partout.

En attendant le diner Nico a pu emprunter la guitare à disposition pour nous « ambiancer » le temps de quelques chansons.

Nous avons alors décidé de prendre une bière au restaurant de l’auberge. C’est à ce moment là que trois Irlandais nous ont proposé de se joindre à eux. Ils vivaient à l’année dans la province du Hunan et parlaient des rudiments de Mandarin. Ils nous ont convaincu qu’on ne pouvait pas faire des vacances en Chine sans goûter le Baiju, eau de vie locale. Vous n’imaginez pas notre surprise quand le gérant est revenu de sa cave avec un jerrican qui avait très probablement servi à transporter de l’essence dans une autre vie.
Mais nous étions coincés, impossible de faire marche arrière donc nous avons goûté. Afin de reproduire le goût chez vous à la maison, il vous suffit de :
1) Faire une randonnée sous la pluie
2) Essorer vos chaussettes dans une verre
3) Ajouter l’eau de vie de papy
4) Déguster

Malgré cela, Nico et Louis ont tout de même insisté pour en reprendre un verre. Cela explique en grande partie les troubles neurologiques dont ils sont victimes à l’heure actuelle.

#2 – Retour à la case départ

Après une nuit très sympa, nous avons fait le chemin inverse jusqu’à la Tina’s Guesthouse (où nous avions réservé une place dans la navette retour). Cette fois-ci nous étions au plus proche du fleuve et avons croisé des dizaines de cars qui transportaient des touristes Chinois sur cet itinéraire.

Après avoir récupéré nos sacs à l’auberge de Qiaotou, nous avons repris un bus pour continuer notre périple à Lijang.

💡 Le petit conseil : Si vous avez un peu plus de temps, n’hésitez pas à prolonger la randonnée un peu plus loin. Depuis notre auberge, il y a plein de sentiers de randonnée qui partent et les paysages sont apparemment encore plus incroyables….

Bilan

Difficulté : La note du lièvre 3
Parcours : paysages, faune, flore, dépaysement... 8

En résumé

5.5 Encore une superbe randonnée que je recommande à tous ceux qui traverser le Yunnan. Attention prendre le sentier du bas risquerait de vous donner une mauvais opinion de la randonnée. Privilégiez le sentier du haut que ce soit pour une randonnée en une journée ou en deux.

Tags : FacileMoyenne montagneRandonnéeRefuge