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GR10 : De Gavarnie à Etsaut (7 jours)

Randonnée en solitaire de la Tortue

Introduction

Je pars cette fois en solo. J’avais déjà fait de la rando seule dans le Yosemite mais avec un seul point de camping, c’est la première fois que je pars sur 7 jours sur un GR. J’ai beaucoup hésité sur ma destination et j’ai finalement fais le choix du GR10 ! Attention je l’ai fait dans le sens non commun, c’est à dire d’Est en Ouest pour des raisons de logistique. Il se fait traditionnellement de l’Atlantique à la Méditerranée mais je pense que le sens n’est pas très gênant.

Le parcours que j’ai fait est à cheval entre les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques et il faut 2 des 4 topo-guides du GR10 : Pyrénées Centrales et Pyrénées Occidentales.

Étant seule j’ai préféré ne pas trop alourdir mon sac et dormir en refuge (que j’ai réservé en avance). En revanche j’étais autonome sur la nourriture avec des lyophilisés pour le soir et j’achetais dans les villages de quoi petit-déjeuner et déjeuner.

JourÉtapeDuréeDénivelé
1Cirque de Gavarnie//
2Gavarnie – Refuge de Baysselance5h30+1 280 / -110
3Refuge de Baysselance – Refuge d’Ilhéou (variante)10h (en me perdant !)+970 / -1 640
4Refuge d’Ilhéou – Arrens-Marsous6h45+430 / -1 530
5Arrens-Marsous – Gourette7h+1390 / – 820
6Gourette – Gabas10h30+1140 / – 1450
7Gabas – Etsaut7h30+1160 / – 1590
Les durées tiennent compte des pauses !

#1 : Cirque de Gavarnie

Réveil un peu difficile à l’ibis de Tarbes. Je prends le bus de 8H30 direction Gavarnie. Au programme, une journée de démarrage tranquille au cirque de Gavarnie. Une fois au village, un chemin mène jusqu’au centre du cirque; une petite heure me suffit pour y arriver.

Le cirque de Gavarnie

Le cirque est magnifique : entre ciel bleu, neige, étendues d’herbe et montagnes de pierre et cascades ! La plus grande, située sur la gauche du cirque, est d’ailleurs impressionnante.

Après une pause déj avec saucisson et tome de vache de la région achetés au village, je pars faire le tour du cirque et plus exactement au pied de la cascade. Puis je passe à côté des névés où l’eau s’est frayé un chemin les transformant en véritable grottes.

Retour sur Gavarnie et la Grange de Holle pour la nuit.

#2 : Grange de Golle – Refuge de Baysselance

Première journée de GR10. Départ théorique à 7h mais après avoir fait un tête à tête avec les vaches et mettre rendue compte que j’étais dans le mauvais sens, mon vrai départ était plutôt à 7h30 !

Début tranquille, pas mal de plat sur le flanc de la montagne, ambiance un peu Seigneur des Anneaux ou Bilbo le Hobbit ! Le bonheur de ma journée : les marmottes ! Les premières étaient 3 petites qui jouaient ensemble à dégringoler de la colline. J’a bien perdu un quart d’heure à les regarder et essayer de les prendre en photo. Les suivantes étaient plus grosses et tranquillement installées au milieu du chemin. Arrivée superbe sur le barrage d’Ossoue.

Après une petite pause, on attaque l’ascension vers la Hourquette d’Ossoue. Petit passage sur un névé ou un troupeau de brebis a trouvé refuge. La fin de la montée se fait longue et les +1200 de dénivelé se font ressentir. Quelques gouttes de pluie menacent mon arrivée mais finalement le temps restera sec ! Le refuge, situé un peu en dessous de la Hourquette, offre un panorama superbe au pied du Vignemale.

Celles qui deviendront mes amies de randonnées, Monique et Nicole, arrivent 2h après moi. Nous nous suivrons tout au long de la semaine. Beaucoup de monde au refuge ! Il ne faut pas avoir des problèmes de sommeil à cause des ronflements !

#3 : Refuge de Baysselance – Refuge d’Ilhéou (variante)

Départ du refuge au lever du jour (5h50 eh oui j’étais bien matinale !). Le Vignemale est rosé et la lumière est superbe. La vue depuis la Hourquette d’Ossoue est magnifique.

En descendant on aperçoit rapidement le Lac de Gaube : 4h de descente à peu près qui se fait plutôt bien. Le lac est splendide et on veut voir le Vignemale s’y refléter. La partie entre le lac et le point d’Espagne n’est pas la plus agréable car elle se fait au milieu de la foule de marcheur venu pour la journée profiter du lieu. Au pointLa journée va être longue car il me faut ensuite remonter de l’autre côté. Après le pont d’Espagne, je quitte le GR pour récupérer la variante direction le refuge d’Ilhéou. Pour cela je traverse la vallée du Marcadau jusqu’au pont du Cayan.


À partir de là commence l’ascension. Sur le topoguide la variante prend sur la droite après 300m de dénivelé depuis le pont. Le chemin est assez mal balisé et je vais jusqu’au lacs de l’Embarrat où une famille me montre sur une carte IGN le croisement que j’ai raté. Arrivée à une intersection je tombe sur un couple qui a l’application IphyGN et qui me met sur le chemin. Celui-ci est effectivement au début un peu dessiné mais aucune balise en vue…

S’ensuit un long moment où je perds mon chemin. Je cherche alors à me mettre en hauteur ce qui me permet de repérer le col à rejoindre. Il faut le reconnaître, je suis plutôt perdue et que je ne trouverai pas le sentier de sitôt. Je contourne un petit « mont », je me retrouve alors au milieu des blocs de pierre qui font ma taille. L’orage commence à gronder derrière dans la vallée. Après une bonne demi-heure là-dedans, je reprends mes esprits et je bifurque à droite pour retrouver des pierres plus petites et ainsi pouvoir progresser plus facilement. Je découvre des cairns qui me guident vers le col et m’aident à avancer plus sereinement. Mon GPS finit par se « retrouver » et je vois alors le sentier plus haut sur ma gauche : j’entame alors une ascension quasi à la verticale pour le récupérer.

En bas de la photo, le pierrier par lequel je suis passée !

Après plus de 2h de stress et de panique que j’ai réussi à contrôler, c’est le gros soulagement ! Mais il me reste encore un petit bout de chemin pour arriver. Je passe donc ensuite le fameux col de la Haugade puis j’entame la descente jusqu’au lac d’Ilhéou. Même si j’ai du mal à en profiter, la vue est superbe. J’arrive après près de 10h de marche enfin au refuge. Je suis épuisée physiquement et mentalement et je réalise que j’ai eu beaucoup de chance car quelques heures plus tard le brouillard envahissait la montagne.

Mes amies, arrivent elles 2h plus tard et on réussit a trouver un sentier balisé qui partait derrière les lacs de l’Embarrat. Celui-ci certes un peu plus long, se faisait sans difficulté. Le gardien du refuge m’explique que le chemin que j’ai pris n’est plus praticable depuis plusieurs années : me voilà bien énervée contre le topoguide (édition 2017) qui indiquait celui-là et non celui pris par mes compatriotes de route.

Sentiers à prendre et ne pas prendre !

#4 : Refuge d’Ilhéou – Arrens-Marsous

Étonnament après mon périple d’hier, les jambes vont plutôt bien ! Départ avec le lever du soleil, descente dans la vallée jusqu’au Lac d’Estaing. Je me pause une demi heure pour mettre les pieds dans l’eau fraiche, un vrai bonheur !

En repartant je croise Monique et Nicole qui ne se sont pas arrêtées. On se recroisera tout au long de la journée ! La fin de l’étape n’a pas grand intérêt entre route et forêt. J’arrive tôt à Arrens-Marsous et à la Maison Camélat où je dors, ce qui me permet de prendre ma première douche chaude, de laver mes affaires et de me reposer : un petit bonheur !

Diner à la pizzeria du village avec mes compères et dodo tôt : une bonne journée de récup !

#5 : Arrens-Marsous – Gourette

Réveil avec le village plongé en plein brouillard. J’attend que ça se lève un peu avant de démarrer vers 7h15. Super ascension vers le le Col de Saucède avec arrivée la tête dans le brouillard qui s’est ensuite dégagé pour me laisser admirer le panorama.

La journée se passera au rythme des animations du Tour de France qui passe en fin d’après-midi entre Arrens et Gourette, où je me rend. Le sentier coupe la route pour descendre au fond d’une cuvette pour remonter à pic de l’autre côté, le tout sous une chaleur écrasante. J’apprendrai un peu plus tard, que mes amies sont restées sur la route pour éviter ce dénivelé inutile, un choix plutôt habile !

On continue avec une ascension pour passer le 2ème col de la journée, le Col de Tortes. Petite pause déjeuner sur le col, au calme après avoir été noyé dans le bruit des fans du Tour du France attendant dans leur camping car au bord de la route. La descente du Gourette se fait très facilement. Je dors ce soir au Chalet le Cardet et j’ai la chance de voir le Tour de France quelques heures après mon arrivée !

Une deuxième journée plus tranquille, avec une étape plus reposante, ce qui n’est pas de refus !

#6 : Gourette – Gabas

Départ 6h45 pour une journée qui s’annonce longue ! Le brouillard est encore bien là. L’ascension jusqu’au lac d’Anglas se fait sans encombres. La nappe de brouillard qui me collait aux fesses a fini par me rattraper. Le lac doit être magnifique quand il fait beau mais je n’aurai eu que quelques secondes pour l’admirer dans son ensemble. Je contourne le lac accompagnée d’un troupeau de chèvre ! Je poursuis mon ascension dans les rochers jusqu’à la Hourquette d’Arrre. Le brouillard est sympa j’ai presque une vue dégagée des deux côtés.

Ensuite, le début de la descente est assez raide dans les pierriers avec quelques névés un peu glissant. J’arrive à un plateau et là commence l’interminable descente dans le brouillard et la bruine à ne rien voir à 2m autour ! 1h30 sur un chemin plat à flanc de montagne puis tout autant à descendre dans la forêt. Ça n’en finit plus ! La fatigue commence à arriver.

Après le sentier de la Corniche des Alhas (annoncé comme difficile alors que pas du tout), je met encore 1h30 avant d’atteindre Gabas ! Étape de 10h30 un peu longue, surtout à cause du brouillard qui empêche de profiter de la vue et de voir sa progression. Je passe la nuit à l’hôtel Vignau où j’ai l’heureuse surprise de trouver une baignoire dans la salle de bain de la chambre !

#7 : Gabas – Etsaut

Départ de Gabas à 6h50. Pas le droit de trainer, l’objectif est d’attraper le bus de 15h à Etsaut avec 8h20 d’étape annoncée par le topo !

Ascension vers le premier lac tranquille par la route. Puis assez facilement on arrive aux 3 lac d’Ayous. Le panorama est incroyable avec le Pic du Midi d’Ossau qui surplombe le tout. Une heure à marche d’un lac à l’autre puis vers le col d’Ayous. La vue est juste époustouflante et j’aurai aimé avoir un peu plus de temps devant moi pour plus en profiter.

La descente se fait d’abord au milieu de prairies puis dans la forêt. On atteint ensuite la fin du Parc National avant d’arriver au chemin de la Mâture. Je fais la suite en version accélérée car je vois l’heure tourner. Mes genoux n’apprécient pas trop mais j’arrive finalement avec un peu de marge à 14h30. Je tombe sur un village d’Etsaut en fête avec un marché dans tout le village !

C’est la fin du GR pour moi, commence alors un périple pour rejoindre Saint Jean de Luz où mes parents étaient : bus jusqu’à Bedous, puis bus jusqu’à Oléron, puis bus jusqu’à Pau, puis train jusqu’à Bayonne où mon père me récupère.

Les pieds sont douloureux, les jambes lourdes mais c’était une semaine coupée du monde assez inoubliable accompagnée de la fierté d’avoir fait plus de 120km en 6 jours en solo !

Bilan

Difficulté : la note de la Tortue 6
Parcours : paysage, faune, flore 9

En résumé

7.5 Un petit morceau du fameux GR10 mais qui permet de passer par certains endroits mythiques : le cirque de Gavarnie, le refuge de Baysselance, plus haut refuge des Pyrénées, le lac de Gaube, le Pic du Midi d'Ossau... Un GR qui ne présente pas de difficulté technique, en revanche il faut faire attention aux étapes, il n'est pas toujours évident de bien les équilibrer surtout lorsqu'on dépend de refuges. Je conseillerai de le faire en tente pour gagner plus de flexibilité ! Peu de monde sur le GR (surtout quand on le fait dans "l'autre sens"), on est souvent seul au monde avec marmottes, vaches et chèvres ! Pour un dépaysement total et une bonne dose de Haute-Montagne, je recommande ! De mon côté, je n'ai qu'une envie : découvrir de nouveaux tronçons de ce GR.

Tags : Haute montagneModéréRefugeSoloTrek