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Le Tour du Mont Blanc (3 jours)

JourÉtapeKmDénivelé
1Les Houches – Champex Lac52+3900 / – 3800
2Champex Lac – Cabane de Combal51+2800 (avant orage)
3Cabane du Combal – Les Houches53+2500 / -3750

Mes compagnons de rando

Ayant déjà fait le Tour du mont blanc en 8 jours dans le sens anti-horaire avec La Tortue et Les Fourmis, j’ai décidé cette fois de m’attaquer à l’autre sens. Afin de m’accompagner dans cette aventure, je me suis entouré d’une équipe de choc, la crème de la crème.

Le Hérisson, compagnons de rando depuis longtemps qu’on a déjà rencontré lors du Mgoun et du GR58. Depuis son déménagement près de la Sainte-Victoire, il enchaine les trails et arrive donc avec une condition physique optimale.

Associé du Lièvre dans la vie de tous les jours, c’est un monstre physique. Doté d’une puissance herculéenne et d’un cardio à tout épreuve, saura-t-il s’adapter à ce nouvel environnement montagnard ?

Le 3e compagnon de la bande : le babouin breton. Toujours de très bon humeur et habitué des sentiers du GR34, les côtes ça ne lui fait pas peur. Son seul point faible ? Des irritations plus ou moins fréquentes au SIF.

Enfin le dernier, et non des moindres, membre de l’équipe : le loup de l’arctique. C’est simple, c’est le plus endurant de tous ! Rien ne semble pourvoir l’arrêter si ce n’est la chaleur Alpine qui arrive parfois sans prévenir.

#0 : Arrivée aux Houches

La mésaventure des chaussures : Le lièvre qui avait ce projet depuis quelques temps est tout enjoué de l’aventure qui les attends. 2 mois avant le départ il décide de racheter des chaussures de trail.
Malheureusement la pointure n’est pas la bonne et il alors de recommander une autre part. Le souci est qu’il ne reste plus qu’une semaine pour les faire. Il décide alors de faire une sortie sur le bitume parisien pour les casser. Et là catastrophe, des ampoules à vous illuminer le château de Versailles à 5 jours du trek…
Je porte alors des tongs pendant 1 semaine pour ne pas aggraver le problème. La veille du départ je renfile mes chaussures mais impossible de faire plus de 100m à cause de la douleur. Ca risque d’être sympa… J’appelle alors en catastrophe mes compères qui tentent de me rassurer tant bien que mal. Dans le doute, ils me conseillent de prendre mes running car « ça va le parcours va être roulant… ». Grâce à l’ingéniosité de la Tortue la veille du départ, je bricole quelque chose avec des cotons démaquillants et des compeeds et espère que ça va tenir.

Le lendemain, Rendez-vous à la gare de Lyon pour notre bande de joyeux lurons motivés à bloc. Train direction Saint-Gervais où l’équipe apprend à mieux se connaître. La rigolade est de mise et personne ne semble s’inquiéter outre mesure du défi qui se présentera dès demain face à eux.
Nous avons décidé de loger au chalet des méandres aux Houches pour partir directement le lendemain matin. Le propriétaire du chalet, un super guide par ailleurs, vient nous chercher en voiture à Saint-Gervais (10€ par personne).
Après s’être rendu compte que l’Hérisson avait oublié sa polaire (alors qu’il y avait une liste de matos…), on ne tarde pas à s’endormir.

#1 : Les Houches – Champex Lac

L’inertie de groupe est un peu plus forte que prévu et nous prenons le départ sur les coups de 6h30.

On attaque directement par un (très) gros morceau : la montée du Brévent et ses 1400m de D+. Le gorille qui nous avait expliqué la veille que les bâtons ça ne servait à rien, se retrouve à quémander auprès du loup pour qu’il lui prête les siens. La première partie de la montée se fait à un rythme régulier mais soutenu et nous arrivons déjà à notre premier spot photo (les mecs prennent le temps de faire des photos alors qu’ils vont finir à pas d’heure…). Magnifique vue sur le Mont Blanc qui surplombe une mer de nuages.

On repart à l’assaut du col en rencontrant beaucoup plus de névés que ce à quoi on s’attendait. On continue de faire nos touristes en prenant des selfies avec la faune locale. Tout se passe super bien, les paysages sont magnifiques et l’ambiance est au beau fixe.

Arrivée en haut, les premiers signes de bobo aux genoux apparaissent et trois membres de la tribu décident de lancer une opération dopage au Nurofen flash. Mélangé à l’isostar ça peur faire des miracles. Nous reprenons la route toujours sous d’un bon pas avant de tomber sur la 2e « difficulté » de la journée : les échelles. Je n’avais effectivement pas réfléchi que les échelles en montée ça va assez vite mais en descente c’est un peu plus laborieux. 35 min au kilomètre : record à battre.

Après cette laborieuse portion, sous l’impulsion du Loup, le Lièvre propose à ses camarades de courir pour regagner du temps. Cette proposition bien que sensée n’a pas l’air de ravir l’équipe et alors que les 2 premiers se dégourdissent les jambes, les 3 autres continuent de marcher (à un très bon rythme).

Après cette longue descente casse-pattes, nous arrivons à Tré-le-Champ il est l’heure de la pause dej où nous déjeunons sur les tables au niveau du parking. On se met d’accord pour prendre 30 minutes de pause avant de repartir. Alors que l’équipe ouvre le pique-nique préparé par le refuge, le Babouin décide de faire une sieste en s’allongeant à proximité de la table devant le regard médusé de ses compagnons.
Cette pause déjeuner fait un peu figure d’électrochoc pour l’équipe sur la difficulté de ce qui nous attend. Alors qu’il avait initialement tablé sur 5km/h le Gorille se rend compte que c’est une allure difficilement tenable si on ne court pas. Il pose alors une question qui laisse le Lièvre pensif : « C’est quoi le plan B ? ». Ce à quoi le Lièvre répond : « Il n’y a pas de plan B, on doit arriver à Champex ». Cette réponse fait rire jaune le Hérisson et le Loup qui engloutissent leur pâté Hénaf.
Alors qu’il ne reste plus que quelques minutes avant la reprise, le Babouin est toujours le cul par terre. Sous l’insistance des ses camarades il accepte finalement de se restaurer.

On repart sous le cagnard à l’assaut de l’Aiguillette des Posettes alors qu’on a à peine digéré. Comme à son habitude le Lièvre part comme un débile tout droit dans la pente suivi par le Loup. Le Hérisson tient compagnie à un Babouin ragaillardi tandis que le Gorille ferme la marche à son rythme. Au sommet, la vue est magnifique et une pause barre s’impose. Il est 15h30, on a fait la moitié du parcours… On pousse alors jusqu’à la frontière : le col de Balme où les organismes commencent à tirer. On prend rapidement un Coca en expliquant devant le regard médusé de certains qu’il nous reste encore entre 4 et 6h de marche…


La fin de l’étape se fait dans la bonne humeur générale et le sentier est de plus en plus roulant. Je découvre que la crème NOK ne sert pas uniquement pour les pieds mais qu’elle est très utilisée aussi pour les irritations du SIF, au grand bonheur du babouin.

Nous arrivons à la frontale à l’auberge de Champex Lac qui nous attendait avec impatience. Il est 22h, il faut qu’on mange, qu’on se douche et qu’on dorme rapidement car levé 4h prévu demain. Malgré notre arrivée tardive, on est fier de nous et on déguste gaiement le plat de charcuterie.

La nuit est plus ou moins bonne pour chacun en fonction de la quantité de baume du tigre étalée et qui chauffe les gambettes pendant la nuit.

#2 : Champex Lac – Cabane de Combal

On entame le deuxième jour aux première lueurs du jour autour du lac. Les 20 premiers km sont très plats pour rejoindre la Fouly et Le Lièvre propose donc de courir pour gagner du temps avant les parties moins roulantes qui arrivent. Malgré sa proposition l’étape de la veille a laissé des traces sur les organismes et une décision collégiale fait que nous marcherons. La relative facilité du parcours nous permet de bien papoter avant d’arriver à La Fouly. La partie Suisse du Parcours est très agréable.

On entame alors la montée du Grand Col Ferret et nous arrêtons à mi chemin au refuge pour boire un coca, changer les pansements et reprendre un Nurofen pour une partie de l’équipe. La deuxième partie de la montée est exigeante et les maux de genoux commencent à faire leurs premières victimes. L’équipe se retrouve au sommet où la vue est incroyable. La montagne ça nous gagne ! On décide de déjeuner au bas de la descente. Le Lièvre a des fourmis dans les jambes et décide de bombarder dans la descente pour « rigoler ». La rigolade est malheureusement beaucoup moins franche pour le Gorille dont le pied le fait beaucoup souffrir. La fin de la descente est même un vrai calvaire.

Après une pause déjeuner rapide, on entame la deuxième partie de la descente. Toute l’équipe reste ensemble pour soutenir ceux qui commencent à avoir mal partout. Il reste encore 2h avant le prochain Nurofen… Mais avant cela, le Babouin et le Hérisson n’oublie pas de se tartiner de la crème NOK dans le SIF.

C’est là que démarre l’interminable ligne de niveau vers Courmayeur sous un soleil de plomb. On fait une pause au Refuge Bonatti pour reprendre des forces. C’est à ce moment là que le Babouin et le Gorille nous annoncent qu’ils vont couper à partir d’ici pour ne pas hypothéquer leurs chances de finir le tour le lendemain.

Un peu tristes de repartir sans leurs camarades les 3 amis enchaînent malgré tout. A nouveau les propositions du Lièvre de trottiner pour « gagner du temps sur cette partie roulante » font face aux douleurs de ses 2 compagnons. Alors que l’on croise de plus en plus de traileurs on réalise qu’une course à lieu ce soir là autour de Courmayeur. Alors qu’ils ne sont pas encore arrivés à Courmayeur, l’orage commence à menacer la fin de l’étape. Pour la première fois l’inquiétude peut se lire dans les yeux du Lièvre.

Dans la descente vers Courmayeur, une logistique extrême démarre : le Loup décide d’appeler un taxi pour rejoindre les deux autres à la Cabane de Combal. Pour le Lièvre, hors de question d’abandonner malgré les risques (mesurés) auxquels il devra faire face. Il décide alors de changer son fusil d’épaule en contactant un autre refuge, celui en haut de la montée de Courmayeur pour la nuit. Malgré une incertitude très forte, le Hérisson décide de faire primer l’amitié et d’accompagner son pote dans cette expédition un peu folle. Alors que le Loup prend son taxi à Courmayeur, les deux rescapés mangent une dernière barre (+ un petit Nurofen du côté du Hérisson) puis se lancent dans la montée motivés comme jamais sous une pluie battante.
Quand je dis se lancent dans la montée, la réalité est un peu différente : ils cherchent le début de la montée pendant 45 minutes dans les rues de Courmayeur mais le balisage a visiblement été changé pour les besoins de la course. Impossible de trouver ce satané sentier sous cette pluie et malgré nos frontales.

Au bout d’une heure dans le froid et malgré l’obstination du Lièvre, les deux aventurier décident de prendre un taxi pour rejoindre la cabane de Combal. Mais ce n’est que le début des ennuis. Alors qu’ils essayent d’appeler leurs trois amis, puis le refuge : silence radio. Après une nouvelle demi heure à attendre un taxi, celui-ci arrive enfin pour les déposer à 45 minutes de marche de la cabane de Combal. Alors qu’elle s’était brièvement arrêtée la pluie repart de plus belle. L’orage rose déchire le ciel : spectacle à la fois magnifique et un peu terrifiant. Quand les éclairs tombaient on se serait cru en plein jour !
Cette fois, c’est clairement le Hérisson qui carry le game : sous l’effet combiné du Nurofen, du froid (il n’a pas sa polaire) et de la faim il avance à une vitesse folle. Ce n’est pas qu’il ne plie plus les genoux, c’est qu’on a l’impression qu’il n’a plus de genoux du tout : des bouts de bois à la place des jambes mais c’est drôlement efficace. Alors que le Lièvre qui a déjà vécu plusieurs fois l’orage en montagne prévient : « si on compte deux fois consécutivement moins de 3 secondes entre éclair et tonnerre, on balance les bâtons », le Hérisson lui répond avec un laconique : « C’est mort ! ».

Au bout de 30 minutes il arrivent trempés devant la cabane de Combal complètement éteinte : il n’est pas encore 22h. Complètement gelés, ils essayent d’ouvrir la porte mais celle-ci est fermée à double tour (sympa le refuge de haute montagne !). Après 5 bonnes minutes à hurler pour qu’on leur ouvre le Loup et le Babouin les entendent et viennent leur ouvrir les yeux complètement ébahis. Le propriétaire (très désagréable) arrive alors en nous engueulant d’avoir fait du bruit… Il nous annonce qu’il a coupé l’eau chaude. C’est la douche froide (désolé j’étais obligé de la faire) !
Heureusement pour nous, il reste un filet d’eau tiède. On saute alors tous les deux dans la même douche (comme au bon vieux temps). On a tellement froid que cette eau à 25° nous brûle les mains. Quel bonheur !

Soutenus par nos trois camarades on avale un bout de sandwich (alors qu’ils nous disent qu’ils se sont pété le bide de leur côté) et on se réchauffe tant bien que mal. On décide alors de coller nos deux lits pour se tenir au chaud : Ah c’est beau l’amitié.
Mi-hilares, mi-tremblants de froid, on arrive malgré tout à s’endormir.

#3 : Cabane de Combal – Les Houches

Réveil aux aurores pour le Lièvre le lendemain matin qui commence à se préparer. C’est un peu plus laborieux pour le Hérisson qui traine au lit. Malgré sa déception, il annonce à son ami qu’il ne va/peut pas repartir sur le sentier. Il paye la deuxième partie de l’étape et son genou le fait beaucoup souffrir.

En allant chercher des alliés dans la 2e chambre, le Lièvre comprend assez vite que la journée va être longue :

  • Le Gorille a le pied de la taille d’une patate
  • Le Loup de l’Arctique a pris une insolation de tous les diables et n’est pas en mesure de repartir
  • Le Babouin après plusieurs minutes de négociation avec Le Lièvre décide aussi de préserver son genou qu’il ne sent pas au top

Malgré la déception, le Lièvre décide de reprendre la route pour terminer le défi pendant que les autres vont retourner à Saint-Gervais en transport. Puisque le petit déjeuner à la cabane de Combal n’est jamais servi avant 7h30 (c’est le pire refuge du coin), je ne démarre mon périple qu’aux alentours de 8h15.
Cette fois je pars en courant en profitant de ma fraicheur relative. Je progresse assez bien sur les premiers kilomètres et m’attaque très vite à la montée du col de la Seigne (pas le meilleur souvenir pour la Tortue et les forumi.e.s lors du Tour du Mont Blanc en 8 jours). Il n’y a encore personne sur les sentiers c’est un bonheur. Je ne m’attarde pas trop au sommet et décide de courir sur toute la longue descente : ça pique les jambes !

Pendant ce temps là mes 4 camarades sont descendus vers Courmayeur pour prendre un train. A leur rythme…

Vidéo à vitesse réelle

Du côté du Lièvre alors que les jambes commencent à se raidir, une section assez longue en légère descente l’amène jusqu’à Chapieux. Petite pause barre (il ne me reste plus que ça) avant d’entamer la longue montée vers le Refuge de la Croix du Bonhomme lieu de notre premier bivouac sur l’édition précédente. Même s’il n’est que midi, je décide de déjeuner au refuge. En appelant mes camarades pour les rassurer sur mon état, je réalise qu’ils sont en train de se régaler avec une bonne pizza italienne.

Bien que la fatigue commence à se faire ressentir je repars en trottinant pour rester dans le rythme. Je commence à sentir la fin approcher alors que l’infinie portion plate aux alentours des Contamines se présente devant moi. Les jambes sont bien raides mais la vitesse de progression reste bonne. Plus qu’une dernière difficulté le col de Voza et j’arrive aux Houches après 3 jours d’un super périple.

Je rejoins alors le reste de la tribu qui sont dans un très bel hôtel à Saint-Gervais où la bière coule déjà à flots. Malgré la fatigue et les bobos de certains on est tous très contents de l’aventure (même si je suis sûr que le Babouin et Le Loup reviendront s’y frotter à l’avenir). Après un super dîner et une nuit réparatrice, nous rentrons à la maison le lendemain.

La vidéo qui résume tout

Bilan

Difficulté : la note du Lièvre 7
Accessibilité sur un weekend prolongé 8

En résumé

7.5 Très bon parcours avec une très belle équipe. Un peu moins roulant que ce que certains pensaient en démarrant, le Tour du Mont Blanc a l'avantage d'être facilement accessible en transport pour un weekend prolongé. Un des avantages de le faire en trois étapes est que le sentiment "d'autoroute" que l'on peut parfois ressentir disparait.

Tags : DifficileHaute montagneRefugeTrek