fermer

Raconté par le Lièvre

Introduction

Pour notre première randonnée à étapes en France, on s’est très vite tourné vers le GR20. Alors que le lièvre avait hâte de gambader dans les sentiers escarpés de Corse, la tortue cherchait à se lancer un défi physique et mental sur ce sentier mythique.

Ayant un nombre limité de jours de vacances nous avons décidé de ne faire que la partie Nord (Sur 6 étapes) qui nous semblait plus technique et donc plus rigolote que le Sud.

Afin de ne pas alourdir nos sacs, on a choisi de réserver tentes et matelas dans les refuges. Si c’était à refaire, nous referions la même chose pour deux raisons :

  1. Les refuges sur le sentier sont infestés de punaises de lit tous les ans. Ces bêbêtes ne survivent pas sous la tente en extérieur.
  2. Les tentes deux secondes sont déjà installées et les matelas plutôt confortables

Enfin, comme il s’agissait d’une de nos premières grosses randos, on n’a pas fait les fous et on a suivi les étapes du topoguide sans doubler.

Par ailleurs, notez qu’il est interdit de bivouaquer sauvagement dans le parc naturel, donc il faudra s’arrêter soit en refuge soit dans les bergeries du trajet

💡 Notre petit conseil : En montagne en général, mais plus particulièrement en Corse, on vous conseille de partir tôt le matin quitte à arriver vers 12h-13h à votre point d’arrivée. Vous éviterez grâce à cela les chaleurs étouffantes de l’après-midi et surtout les orages, qui se déclenchent souvent à ce moment de la journée.

JourÉtapeKmDuréeDénivelé
1Bonifatu – Refuge de Carrozzu5,52h30+760
2Refuge de Carrozzu – Refuge d’Ascu Stagnu6,55h+800 / -640
3Refuge de Ascu Stagnu – Refuge de Tighjettu88h+1200 / -1050
4Refuge de Tighjettu – Refuge de Ciottulu di i Mori6,54h+620 / -80
5Refuge de Ciottulu di i Mori – Refuge de Manganu2310h+650 / -1050
6Refuge de Manganu – Refuge de Petra Piana86h+850 / -600
7Refuge de Petra Piana – L’Onda10+850 / -600
8L’Onda – Vizzavona105h+850 / -600
Les durées indiquées prennent en comptent les pauses !

#1 : Calvi – Refuge de Carrozzu

Après une dernière baignade à la plage de Calvi, nous avons pris un taxi pour nous amener directement au départ de la courte étape nous permettant de rejoindre le refuge. Il nous a déposé à l’Auberge de la Forêt de Bonifatu pour 50€.

Plage de Calvi avant le départ (Pas mal non plus la plage)

Nous voilà partis pour une première étape très courte (3 heures) en partie dans la forêt. Malgré la densité de la forêt, la chaleur se fait sentir et notre départ tardif (début d’après-midi) n’arrange pas les choses. La tortue grimpe facilement mais souffre un peu (beaucoup ?) de la chaleur étouffante.

Après quelques passages un peu techniques, qui nous donnent un avant-goût de ce qui nous attend, nous arrivons au très joli pont suspendu qui mène au refuge de Carrozzu.

Accueil très sympa du gardien de refuge qui nous montre notre tente et nous indique que le petit dej sera prêt à 5h30. Après avoir avalé notre lyophilisé, on file se coucher pour être en forme pour la première vraie étape du parcours.

#2 : Refuge de Carrozzu – Refuge d’Ascu Stagnu

Réveil à la fraîche pour éviter chaleurs et orages. On découvre le petit déjeuner qu’on nous a préparé : boisson chaude, pain, beurre et confiture (idéal pour faire le plein de forces).

On a aussi opté pour le déjeuner préparé par le refuge : sandwich, barres de céréales, œuf dur et pommes sont au programme.

Nous voilà partis pour 2h30-3h avant d’arriver au lac de La Muvrella. Après avoir passé un premier torrent le sentier s’élève par des (très) grandes dalles rocheuses qui surplombent le ruisseau. Alors que je suis assez hilare devant la taille des roches, la tortue se demande vraiment pourquoi elle n’a pas pris son baudrier.

Le lièvre qui se marre devant le « sentier »

Alors que cette partie est assez facile pour les grands gabarits, les plus petit(e)s pourront éprouver des difficultés supplémentaires sur ce tronçon. Les prises étant solides, il n’y a en revanche aucun danger (sauf en temps de pluie où vous devrez être plus vigilant(e).

Après 600m de montée, on arrive au sommet, sur le lac de la Muvrella. La vue est imprenable sur les alentours et notamment la baie de Calvi.

Vue sur la baie de Calvi

Après une première pause bien méritée, on enchaine sur un petit raidillon sur l’arrête Ouest du Massif. La tortue est bien en jambe et dépasse les quelques randonneurs présents sur le sentier. Avant le départ, on avait un peu peur de trouver des sentiers bondés pendant la semaine du 15 août (oui on n’a pas eu trop le choix sur les dates…). En réalité, chacun marche à son rythme et tu marches par conséquent la plupart du temps tout(e) seul(e).

Après avoir franchi le col de Bocca di Stagnu, on entame notre première descente de la semaine (650m de D- nous attendent). La tortue prend alors la poudre d’escampette avec un planté de bâton magistral à chaque virage. On sent là les vieilles habitudes du ski qui reviennent. J’essaye tant bien que mal de suivre derrière sans me casser la g***** dans ce couloir très raide. La fin de la descente nous fait traverser une forêt de vieux pins avant d’arriver à la station de ski du Haut-Asco où se situe le refuge.

En arrivant sur place, petite moue de ma part, je ne m’attendais pas à croiser autant de béton. Heureusement, déception assez vite évacuée puisque le refuge est dans un endroit plus abrité et donc plus sauvage.

Après déjeuner les traditionnels siestes, lessive, bière et jeux de carte animent notre après-midi.

#3 : Refuge de Ascu Stagnu – Refuge de Tighjettu

La grosse étape qui nous attend nous incite à nous lever vers 5h15 pour partir aux premières lueurs.

Le début de l’étape est très plat. Le sentier démarre dans la forêt de pin avant d’arriver à une petite passerelle (où les gens s’arrêtent en général pour retirer leurs pulls et prendre quelques photos). Le sentier s’élève assez vite en rive droite du ruisseau. La montée est soutenue mais sans grande difficulté. La tortue survole le sentier et me cale toute fière un « Au moins je ne me fait dépasser par aucune fille en montée ! ».

Moins de 5 minutes plus tard, un groupe de trois italiens (dont une fille) déposent littéralement la tortue sur place. Au moment où ils passent devant moi (qui attendait sagement ma partenaire de rando), je remarque sur leurs fronts des bandeaux d’ultra-traileurs. Je comprends alors mieux le rythme imprimé. Comme dans la fable, il arrive que les lièvres puissent être facilement piqués dans leur égo. Ni une ni deux, je me moque des 10 kg de différence entre nos sacs, j’emboite leur pas pour voir si je peux suivre. Nous ramassons les randonneurs un à un et maintenons un rythme très soutenu. Grisé d’avoir de tels partenaires d’échappée, je ne fais pas trop gaffe au temps qui passe jusqu’à arriver au niveau d’un petit plateau où les « GR20istes » font leur pause. Je me retourne et vois que la tortue est 200 m de dénivelé plus bas : « Oups « .

Le pierrier

La tortue me rejoint et nous faisons une petite pause en contemplant ce qui nous attend : la pointe des Eboulis. Je me dis : ça a l’air fun. Avis pas du tout partagé par la tortue qui sent que les cuissots vont piquer. Nous voilà repartis dans ce pierrier où l’adage : « un pas en avant deux pas en arrière » prend tout son sens. Comme je l’avais prédit la tortue ne semble pas apprécier pas à sa juste valeur ce type de sentiers. Souvent dans ces situations, elle se cale dans la foulée d’un randonneur qui avance à bonne allure et compte les lacets. Pour ma part j’adopte une stratégie que j’appelle « stratégie du dénivelé maximal ». Derrière ce nom pompeux, une bonne technique de bûcheron, aller tout droit sans trop faire attention aux lacets. La chaleur n’aidant pas, la fin de la montée est un peu difficile.

Mais arrivés en haut toutes ces pensées disparaissent immédiatement. Les paysages sont magnifiques, on voit la mer d’un côté et un superbe lac de l’autre.

La possibilité de faire une variante se présente devant nous : le sommet du Monte Cintu à 2 700m. Elle prenait 1h30 aller-retour mais nous avons décidé de tracer notre route. Avec le recul, petit regret de ma part car ça avait l’air vraiment sympa. Si vous avez le temps (pas d’orage en vue), faites la !

Nous voilà partis pour 3h30 de descente assez technique. Et là contrairement à la veille la Tortue n’est pas à la fête. Les écarts entre les rochers sont importants et les appuis assez instables. Cela demande de gros efforts à ses genoux et la progression est bien ralentie. Le refuge est en vue depuis longtemps mais on a l’impression qu’il ne se rapproche jamais… Après une petite pause tactique au soleil, on arrive enfin vers 13h au refuge. Parfait pour le déjeuner !

Petite pause tactique

Le gardien du refuge est vraiment très sympa et à notre grande surprise l’eau est chaude (une première et une dernière…) ! De manière très ingénieuse, un gros tuyau (1m de diamètre) descend de la montagne et étant en plein soleil permet d’avoir de l’eau chaude.

💡 Notre petit conseil : Si vous êtes en bonne forme, je vous conseille la variante du Monte Cintu qui avait l’air très sympa et avec une belle vue sur la région.

#4 : Refuge de Tighjettu – Refuge de Ciottulu di i Mori

Etape très (très) courte en perspective, qui ne nous pousse pas à nous lever aux aurores. On en a pour 4h de marche pour arriver au refuge suivant.

Le sentier commence en descente pour atteindre au bout de 30min les bergeries d’u Vallone. Les amateurs de fromage y trouveront leur compte. Après un passage en forêt, on entame la montée vers le col de Bocca di Fuciale. Le soleil tape très très fort dans les barre rocheuses et c’est un peu dur à gérer pour notre Tortue (qui, c’est bien connu est plus à l’aise dans le froid). « On aurait dû se lever plus tôt » maugréait-elle à mon encontre.

Col Bocca di Fuciale

Arrivés en haut, on se délecte des paysages à 360°. C’est vraiment splendide et pas un randonneur à l’horizon. Enfin le sentier continue de grimper pendant un petit quart d’heure pour arriver au refuge. Autant vous dire qu’on était encore en forme…

L’après-midi à peine entamée, la Tortue en profite pour commencer à bouquiner au soleil. De mon côté je trépigne d’impatience et au bout de 13’22 secondes d’inactivité je prends ma poche à eau sous le bras et pars courir dans les montagnes. Je me paume deux ou trois fois et dois parfois escalader des parois de quelques mètres à une main (merci la poche à eau…). Mais je finis par retrouver mon chemin après 1h30 à crapahuter.

💡 Notre petit conseil : poussez plutôt jusqu’aux bergeries qui sont un peu plus loin et permettent de mieux découper les étapes.

#5 : Refuge de Ciottulu di i Mori – Refuge de Manganu

On se lève assez tôt pour attaquer l’étape la plus longue (en termes de km parcourus) de la partie Nord. Mais c’est aussi une des plus belles étapes en termes de paysages sur cette première partie de trajet avec notamment le célèbre lac de Ninu.

L’étape commence par une descente le long du Golu avec un enchainement de petits bassins très sympathiques. Mais autant vous dire qu’à 6h du matin en montagne, on était assez peu chaud pour se baigner. Après être arrivés aux bergeries d’E Ragule assez rapidement, on décide de ne pas s’attarder et continuons notre route.

Et là stupeur, nous voyons pour la première fois depuis le départ des compagnons de route un peu encombrants mais forts sympathiques. La Tortue ne résiste d’ailleurs pas à prendre la pose avec notre nouvelle copine. Quelques encablures plus loins nous tombons sur un autre quadrupède bien plus à l’aise sur les sentiers escarpés de Corse.

On entre ensuite dans une belle forêt où le sentier remonte jusqu’au Castel de Vergio après un passage par la D84 (très peu fréquentée heureusement).

On se dirige vers la petite supérette o tous les « GR20istes » s’arrêtent pour se reposer quand stupeur ,sur notre gauche, une horde de porcs sauvages nous accostent pour demander à manger. « Coco je n’ai déjà pas suffisamment à manger pour moi alors désolé mais ce sera pour une autre fois. »

Les propriétaires de la supérette sont vraiment très sympas et laissent les randonneurs recharger leurs appareils. De notre côté on commence à discuter avec un père et ses deux fils tous droits venus de Bretagne et super sympas. J’interroge le père sur le poids de son sac qui m’a l’air absurdement lourd. Il m’explique qu’il porte plus de 20kg car ses fils ne peuvent (veulent ?) pas trop porter. Ce sont pourtant de beaux gaillards de 16 et 18 ans donc comme ils étaient sympa je me suis permis une petite tique.

Trêve de papotage, la route est encore longue. Après 1h30 sur de très jolis paysages, on arrive enfin en amont du lac de Ninu. Le spectacle est superbe : un grand lacs, des dizaines de chevaux sauvages et quelques randonneurs amusés. C’est le top ! On décide donc de rester en hauteur pour déjeuner avant d’aller serrer la pince de ces chevaux. On est particulièrement attendri par un petit poney tout rigolo qui nous arrive aux hanches mais qui n’a peur de rien.

Après une pause beaucoup plus longue que d’habitude on contourne le lac par la droite pour retrouver le sentier. Là on se dit qu’on a bientôt fini puisqu’il ne nous reste que du plat. Grave erreur ! Les 1h45 se transforment en 2h15 et la ligne droite nous semble interminable. On arrive enfin au refuge qui une fois n’est pas coutume est bondé ! Entre les gens qui se sont arrêtés à notre refuge, aux bergeries et ceux qui font le trajet dans l’autre sens, les grandes tables de ce refuge ne désemplissent pas m’indique un des gardiens.

Pas de souci pour nous, on est crevé de toutes façons. Après une douche dans le ruisseau et une lessive, on avale notre diner puis dodo !

En pleine nuit, je me fais réveiller par la Tortue toute paniquée qui me dit : « y a un truc qui mange notre sac ». Le temps que l’information monte au cerveau d’un lièvre endormi, la bébête avait eu le temps de tranquillement se faire sa popote. Je sors la tête de la tente et là sous une belle lune 10 m plus loin un renard me fixe avec ses yeux brillants. Le spectacle est grandiose mais faut que je me ressaisisse si on veut avoir à manger dans les prochains jours. Je prends les bâtons et fais de grands gestes qui le font fuir. Je me rends compte qu’en fait il avait mangé une partie du déjeuner de nos voisines de bivouac. Après avoir mis en sécurité la nourriture je repars me coucher pour finir ma nuit.

#6 : Refuge de Manganu – Refuge de Petra Piana

Départ au petit matin pour ce qui reste selon moi la plus belle étape de notre rando. Le temps est superbe, pas de gros nuages à l’horizon pour la matinée.

Au sortit du refuge, on entame une première montée progressive qui nous amène au niveau d’un premier cirque à 1970m, puis on arrive assez rapidement au sommet de la Bocca alle Porte après avoir traverser une sorte de pierriers

Le sentier entame alors la descente et devient alors plus escarpé et vraiment rocheux. Le genre de sentier que tu n’as pas envie de faire pas temps de pluie.

Pour vous donner une idée vous pouvez admirer la tortue faire de la désescalade pour réussir à franchir certains passage. De mon côté j’étais mort de rire tout le long pendant que la Tortue me disait : « Je pose mon pied où ? J’arrive pas à atteindre le sol. » Avec mes indications et surtout une belle motivation, la Tortue est parvenue en bas sans encombre.

Malgré ces quelques difficultés les paysages restent sublimes, ce qui remet un boost au moral de la tortue qui commence à souffrir du genou en descente. Après une petite demi-heure de descente, nous atteignons la brèche de Capitellu qui surplombe deux magnifiques lacs émeraudes.

Les paysages sont stupéfiants et pour ne rien gâcher on est seul au monde (avant qu’un groupe d’étudiants vienne rompre notre tranquillité).

Après la plus longue pause photo du voyage, nous reprenons la route pour longer l’arête de Bocca à a Soglia. Nous longeons une courbe de niveaux et le sentier est assez étroit. Ce passage est assez compliqué pour la Tortue qui ne fait pas confiance à son genou endolori pour la soutenir. Notre progression sur ce tronçon est assez lente mais c’est mieux pour notre sécurité. Malgré la douleur, la Tortue ne manque pas de prendre quelques photos des paysages. On a tout simplement une vue imprenable sur tous les massifs des la chaîne.

Nous tombons alors au pied d’une pente raide de chez raide. Comme vous pouvez l’apercevoir sur la photo, il s’agit d’un mur à 70-75° (enfin dans nos souvenirs en tous cas).

Après un petit fou rire à nous demander comment a été dessiné le parcours, on grimpe sans encombre ce passage « très roulant ».

Alors que nous prenions une pause pour manger un bout, le ciel a commencé à changer assez vite de couleur et des randonneurs qui passaient par là nous ont confirmé que de la pluie était attendue en milieu d’après-midi.

On avait encore du temps devant nous mais on a préféré ne pas prendre de risque et avons repris notre chemin rapidement. Après 1h de descente les pieds dans un ruisseau, on atteint un refuge plutôt sympa. La fin de la descente n’a pas du tout plu à la Tortue. Imaginez vous : genou douloureux + petites pierres instable + ruisseau = grand bonheur.

L’après-midi a été moins actif qu’habituellement puisque nous nous sommes abrités sous la tente 3 bonnes heures pour laisser passer l’orage. La vue post-pluie n’en était que plus belle.

Après diner nous sommes aller jouer au carte dans le refuge avec le père et ses deux fils avec qui nous nous entendions très bien. La combinaison de la sieste de l’après-midi et de la bataille corse nous a fait nous coucher bien plus tard qu’à l’accoutumé ce soir là.

#7 : Refuge de Petra Piana – Refuge de l’Onda

Réveil un peu difficile pour tous les deux où la succession des réveils à 5h30 commence à se faire sentir. La Tortue agrémente sa routine matinale d’un bon échauffement des genoux. Le GR20 commence à laisser quelques traces.

La journée commence par une première descente jusqu’aux bergeries de Ghjalgu où nous avons fait une première pause avec nos amis bretons. La Tortue a fait quelques emplettes de fromage pendant que je profitais du réseau pour regarder les résultats de JO. Ne me jugez pas ! J’avais déjà 6 jours à rattraper. Quand la Tortue a enfin réussi à m’extraire du récit des performances de Teddy Riner, nous avons pu continuer notre descente.
Une fois arrivés au ruisseau de Manganellu nous n’avons pas résisté à tremper les petons dans l’eau. Sur la photo ci-dessous, ne vous fiez pas au sourire de la Tortue. Nous arborions la plupart du temps un rictus de douleur quand nous restions plus de 30 secondes dans l’eau. Elle était à au moins -8000°C. Moins téméraire que la Tortue j’ai passé la plupart du temps à lézarder sur le rocher.

Le sentier remonte ensuite légèrement pour traverser une succession de ravins avant d’arriver à une nouvelle bergerie où il est possible de se ravitailler. On s’enfonce ensuite dans une forêt de pins où la température est très agréable et où le sentier est clément pour les rotules. Après avoir franchi la passerelle de Tolla, une montée très tranquille nous amène au refuge après 1h15.

Arrivés assez tôt au refuge où la température est parfaite. Au programme de l’après-midi : douche gelée (mais que nous avons appréciée car étant la dernière du séjour), sieste au soleil, balade aux alentours avec nos amis bretons qui nous avaient rejoints entre temps.

Après avoir dégusté notre lyophilisé, nous nous sommes couchés assez tôt en prévision de la journée du lendemain.

#8 : Refuge de l’Onda – Vizzavona

Pour ce dernier jour, nous avions mis le réveil aux aurores pour être surs de ne pas rater notre train. Après avoir avalé notre petit-déjeuner à la frontale, nous nous sommes mis en route.

La première partie de l’étape consiste en une longe montée qui doit nous mener au sommet de la Punta Muratellu (+700 m de D+ pour bien commencer). Le début est assez peu pentu mais ça n’empêche pas la Tortue, comme à son habitude, de me dire au bout de 5min « Pause : j’ai trop chaud ». Je crois qu’il n’y aura jamais aucune courbe d’apprentissage à ce niveau là.

La pente se renforce mais l’allure ne faiblit pas. Nous rattrapons les quelques matinaux qui sont partis avant nous. Une fois arrivés au sommet, nous :
1) reprenons notre respiration (cf photo)
2) admirons la vue à couper le souffle
3) nous finissons notre dernière barre énergétique (moment nostalgie)

Sans trop trainer, on longe la crête pour passer en versant sud. A ce moment là, je me dis « Top ! Il ne nous reste plus que de la descente, ça devrait aller assez vite. » Que n’avais-je pas dit, idiot que je suis.
S’ensuivit un chemin de croix pour notre Tortue qui n’a jamais aussi bien porté son nom. Son genou tout enflé la faisait souffrir le martyr… Nous avons mis 2h15 au lieu d’1h30 pour descendre les 700m de D-.

Je faisais tout mon possible pour ne pas énerver la bête blessée. J’ouvrais la voie en lui indiquant les meilleurs appuis et en feignant que la descente était pus dure qu’un escalier. Les rictus de souffrance sur le visage de la Tortue étaient difficilement supportables, mais complètement impuissant (bien que l’idée de la porter m’ait traversé l’esprit), je continuais de l’encourager comme je pouvais.

Nous arrivâmes enfin à la passerelle de Turtettu qui marquait la fin du mur. Le sentier s’enfonçait ensuite dans une forêt en bord de ruisseau où la pente s’adoucit nettement. Nous rencontrons les premiers randonneurs à la journée, signe que l’on approche d’une « grande ville ». De nombreuses familles viennent profiter de la succession de cascades pour se rafraichir.

La fin du parcours est plus agréable et nous rejoignons nos amis bretons qui se baignaient en nous attendant. Le rictus qui a monopolisé le visage de la Tortue fait progressivement place à un sourire de soulagement aux abords de Vizzavona.

Mission accomplie : nous sommes en avance pour notre train et avons même le temps de déjeuner en terrasse avec nos amis.

Il est temps pour nous de retourner à Ajaccio pour profiter d’une semaine de farniente bien méritée.

Informations pratiques !

  • Période de l’année : mi-août (privilégiez si possible les périodes de début juillet ou début septembre qui combinent beau temps et trafic moindre)
  • Accès : train Ajaccio – Calvi puis taxi jusqu’à la forêt de Bonifatu
  • Équipement : sac de couchage 5°
  • Alimentation : petits-déjeuners au refuge (à commander la veille), déjeuner acheté dans les refuges ou les bergeries, lyophilisés pour les diners
  • Autres informations :
    • Nous avions réservé l’ensemble des refuges très en avance. Le sentier est en effet assez fréquenté et il est interdit de bivouaquer dans le parc national

Bilan

La difficulté : La note du Lièvre 5.5
La difficulté : La note de la Tortue 8
Parcours : paysages, faune, flore... 9.5

En résumé

7.7 Le GR20 peut faire peur aux premiers abords car c'est un sentier mythique qui est réputé très difficile. Mais le jeu en vaut complètement la chandelle. Les paysages sont dingues et la diversité des difficultés permet à tous les profils d'y trouver leur plaisir. Je ne dis pas que tous les débutants peuvent s'y aventurer mais si votre condition physique est suffisamment bonne, n'hésitez pas une seule seconde ! Pour vous éviter toutes les complexités logistiques, vous pouvez commencer comme nous en réservant des tentes dans les refuges. Avoir du poids en moins dans le sac ça peut faire toute la différence entre une randonnée réussie et un calvaire.

Tags : DifficileHaute montagneRefugeTrek